ESF de Villeneuve : une aventure de plus de 30 ans qui a fait ses preuves
Avec pour point de départ la curiosité de Jean-Paul CHAMBETTAZ, moniteur de ski à l’ESF de Serre-Chevalier [comment skier est possible lorsqu’on est paraplégique ?], le projet a vu le jour en 1990, dans une logique d’accessibilité aux remontées mécaniques.
Les dix premières années ont rencontré nombre de barrières et de freins (le handicap n’était pas reconnu et même effrayait) et il a fallu patience, diplomatie et détermination pour persuader les différents acteurs concernés de l’intérêt collectif de cette initiative. Convaincre mairies, offices de tourisme et station que tous les aspects du séjour des personnes devaient être adaptés en cohérence n’a pas été simple : des démonstrations répétées sur les pistes ont été déterminantes dans l’évolution des positions des uns et des autres à l’égard de ce projet.
La clé de cette réussite ? La formation des moniteurs.
L’élément essentiel pour les personnes en situation de handicap est d’avoir des professionnels formés pour les accompagner dans leurs activités sportives. Il est en effet primordial que les moniteurs sachent utiliser les équipements spécialisés, qu’ils aient des connaissances médicales incluant les spécificités des handicaps (chaque personne handicapée a des besoins distincts), et de la règlementation actualisée.
Dès 1998, le syndicat des moniteurs ESF et l’ENSA ont mis en place des formations très complètes pour les moniteurs de ski, en constante amélioration pour être les plus cohérentes possibles, et actualisées pour suivre l’évolution des besoins, des matériels spéciaux et de la législation.
Amputés, non-voyants, handicapés mentaux… même des personnes porteuses d’un handicap semblable peuvent avoir des besoins différents selon les parties du corps touchées. Répondre aux besoins de chaque personne est particulièrement motivant – un défi toujours renouvelé.
Les moniteurs formés « Handiski » constatent d’ailleurs le bénéfice des connaissances acquises pour enseigner plus efficacement aux personnes « dites valides ».
La formation est vraiment la base de cette proposition sportive et l’implication des encadrants est essentielle.
Les formateurs – passionnés – sont en recherche continue de nouvelles méthodes, de nouvelles connaissances (y compris médicales) : « Nous devons toujours être capables de rassurer la personne sur ses plus grandes inquiétudes, qui varient en fonction de chacun et du handicap ».
Les qualités pour être un bon moniteur Handiski ?
La relation humaine est au centre de cette interaction comme elle l’est pour les autres, avec cependant une exigence de qualité de présence amplifiée par la spécificité des besoins de chacun.
Patience, ouverture d’esprit, grande capacité d’écoute et d’attention, psychopédagogie et tact, et – chose à laquelle on ne pense pas au premier abord – être assez bon mécano pour pouvoir adapter le matériel à chaque personne, le but étant que son expérience soit très confortable !
Pourquoi un tel succès de Serre-Chevalier - Villeneuve
auprès des skieurs en situation de handicap ?
Matériels variés et adéquats, compétences des moniteurs, accueil sur les pistes, parkings tout proches, plans inclinés aux endroits stratégiques, toilettes PMR faciles d’accès, logements adaptés, forfaits spéciaux, etc. Beaucoup de personnes en situation de handicap viennent skier à Serre-Chevalier parce que l’environnement y est idéal, les conditions sont toutes réunies pour répondre à l’ensemble de leurs attentes : des départs de pistes en fond de vallée, Briançon à proximité (donc l’hôpital en cas de pépin), un large choix de matériel adapté, un nombre important et croissant de moniteurs formés.
Entre les échanges sur Internet et le bouche à oreille, l’information circule bien : « À Serre-Chevalier, la machine est bien rodée, il n’y a pas de déception ».
« Il est très gratifiant, après toutes ces années pour structurer l’activité avec efficacité et précision, de voir au cours de la saison autant de skieurs handicapés sur les pistes parmi tous les usagers ! » constate Jean-Paul, « Ils sont des skieurs comme les autres et bénéficient d’un séjour globalement facilité ».
La sécurité : un essentiel
Prendre les remontées mécaniques est ce qui reste le plus délicat, avec un process à bien assimiler au départ et à l’arrivée, pour les moniteurs mais aussi pour le personnel des remontées. Tous les acteurs doivent être bien informés et parfaitement rodés – les engins font environ 45kg qui s’ajoutent au poids de la personne.
Une certaine habileté est donc indispensable à la sécurité de chacun.
Un fabricant, Tessier, basé à St Etienne du Lac, grâce à son professionnalisme, sa fiabilité, ses savoir-faire et à ses équipements homologués, est devenu leader mondial du matériel handisport de pleine nature et expédie ses produits dans le monde entier. Tous les matériels de l’ESF Serre-Chevalier-Villeneuve sont fournis par cette entreprise pour assurer la sécurité et le confort des usagers.
Avec l’explosion d’utilisateurs de ces matériels spécifiques et le coût des formations, certains les utilisent « en amateurs » pour emmener des personnes handicapées sur les pistes sans connaissances spécifiques et parfois même sans assurance. En cas d’accident, ils s’exposent à des sanctions pénales.
À l’ESF, le cadre est très strict sur le professionnalisme de l’encadrement. Les frais pédagogiques des formations sont financés par le syndicat des moniteurs, les frais d’hébergement restant à la charge des stagiaires.
Contact
Chalet Handy de la Casse du Bœuf : 06 89 33 40 01 – Villeneuve et local Handy à Ratier – Chantemerle : 06 26 76 55 24
handisport.ski@gmail.com
© Photos Christine Régnier – Toute utilisation ou reproduction est soumise à autorisation. contact@christineregnier.com