La rentrée scolaire 2025 met en lumière les défis persistants pour les enfants en situation de handicap, malgré une hausse du nombre de scolarisations en milieu ordinaire cette année. Près de 520 000 élèves handicapés sont accueillis dans les écoles françaises, mais des milliers restent sans solution adaptée, voire totalement exclus du système scolaire.
Un nombre record, mais des inégalités persistantes
En 2025, le ministère de l’Éducation nationale recense un record de 520 000 enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire, témoignant d’un changement significatif depuis 2017 où ils étaient 300 000. Cette dynamique traduit les efforts des politiques publiques pour l’inclusion, avec des moyens humains et financiers renforcés : plus de 132 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont mobilisés cette année. Les dispositifs spécifiques comme les unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) se multiplient, tout comme les pôles d’appui à la scolarité.
Pour autant, l’évolution reste incomplète. Selon une enquête de l’Unapei, sur 3 603 enfants accompagnés par 38 associations membres :
- 13% ne bénéficient d’aucune heure de scolarisation par semaine;
- 38% ont moins de six heures de classe hebdomadaire;
- 30% n’accèdent qu’à 6 à 12 heures;
- Seuls 19% dépassent les 12 heures de cours.
Des enfants “invisibles” au sein du système
Un autre problème criant est l’absence d’identification officielle : 65% des enfants concernés n’avaient pas de numéro INE (Identifiant National Élève) en juillet 2025, ce qui les rend invisibles pour l’Éducation nationale et complique tout suivi ou adaptation. Par ailleurs, 4 410 enfants restent sur des listes d’attente pour obtenir une place en institut médico-éducatif (IME), se retrouvant soit chez eux, soit accueillis par défaut dans une école ordinaire sans accompagnement adapté.
Conséquences pour les familles et demandes des associations
Ces ruptures de parcours ont des répercussions lourdes pour les enfants et les familles : scolarisation inadaptée, manque de professionnels qualifiés, absence de solutions d’accompagnement. Des témoignages remontés par la campagne #JaiPasEcole illustrent une grande détresse. De nombreux enfants finissent la classe à midi, sans cantine ni AESH, alors que leurs parents travaillent.
Les associations, telles que l’Unapei et le Collectif Handicap, encouragent le gouvernement à garantir une réponse adaptée à chaque besoin, et non une solution par défaut. Elles appellent à recruter et former davantage de professionnels, et à mieux quantifier et suivre ces réalités encore trop souvent invisibles.
L’école inclusive progresse mais doit aller plus loin
La France a réalisé des progrès notables sur l’inclusion scolaire depuis 2005, avec une augmentation de 75% des élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire. Toutefois, des critiques demeurent, notamment pour les situations de handicap les plus lourdes : trop d’élèves ne disposent que de “bouts de scolarisation” ou restent exclus malgré les efforts. L’exemple italien montre qu’une scolarisation véritablement inclusive est possible, mais requiert davantage d’engagement et de moyens.
La rentrée 2025 confirme l’urgence : l’école doit devenir pleinement accessible et adaptée à tous, sans laisser sur le côté des milliers d’enfants pour lesquels l’égalité des chances demeure un horizon à conquérir.