Si dans n’importe quel sport les athlètes handisports à mobilité réduite sont facilement identifiables, il existe également des personnes comme Adrien, vendéen de 24 ans, atteint de troubles du comportement. Son handicap est invisible et pourtant au départ des courses, il est, lui aussi, coureur handisport.
Depuis qu’il est tout petit, Adrien « subit » la différence ; son souhait le plus cher est de ressembler à tout le monde ! Depuis 2009, il a décidé de se mettre à la course à pied, sport dans lequel il excelle et qui lui permet de se sentir intégré au sein d’un groupe. Aujourd’hui, son papa a accepté de répondre aux quelques questions d’Handicap-Job.
Monsieur Lucas, quelles sont les difficultés rencontrées par Adrien et dues à ses troubles du comportement ?
Adrien est un garçon qui se lasse très vite, il est totalement incapable de réaliser un travail ou des gestes répétitifs. Comme pour la plupart des enfants, nous avons tenté, lorsqu’il était plus petit, de l’inscrire à de nombreuses activités extra-scolaires : musique, cheval… sans jamais trouver celle qui lui permettait de s’épanouir pleinement car il a du mal à se concentrer (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, j’ai préféré répondre à vos questions). Il n’a, par exemple, pas réussi à apprendre le solfège ; c’est un exercice difficile qui demande une implication longue et une attention importante.
Quand il vous a annoncé qu’il souhaitait faire de la course à pied, comment avez-vous procédé pour que cela devienne réalisable ?
Nous avons commencé par chercher un club à même de pouvoir l’encadrer. Adrien a du mal à se repérer dans le temps et dans l’espace, il nous fallait être sûre, que quelqu’un pourrait le prendre en charge pendant les courses. Ensuite, nous l’avons encouragé et encouragé encore !
Que pensez-vous que la course à pied apporte à Adrien ? Que vous dit t’il ?
Il est tout simplement heureux quand il court ; il a son podomètre, il le regarde (même s’il ne connait pas réellement son principe d’utilisation…) et se sent comme les autres ; il est intégré dans un groupe, comme tout à chacun. Qui plus est, et c’est peut-être ça l’essentiel par rapport à ses troubles, ce sport permet de canaliser son énergie et de le temporiser.
Le résultat est-il important pou Adrien ? Ses temps, ses records ?
Comme dit, Adrien n’a pas réellement de notion du temps. Cependant, après chaque course, il nous demande d’aller regarder son classement sur internet. Encore une fois, il aime voir son nom au milieu de celui des autres ; il se sent intégré et s’attache à son « numéro » d’arrivée.
Conseilleriez-vous à d’autres personnes atteintes de troubles du comportement de le pratiquer ?
Est-ce que je le conseillerais ? D’un point de vue médical, je ne peux pas me prononcer mais en tous cas, pour notre fils, qui court désormais deux fois par semaine (au minimum), c’est devenu capital. La course est son exutoire ! Ce sport l’aide au quotidien et il a fait d’énormes progrès qui le poussent à avoir d’autres projets pour l’avenir.
Adrien a t’il un challenge qu’il souhaiterait impérativement relever ?
Oh que oui ! Il a fait un semi-marathon dernièrement : la course des gendarmes et des voleurs dans le Limousin. Il y a rencontré des personnes qui ont couru à Rome, au Marathon des Sables, etc. et du coup, il s’est mis dans la téte d’aller courir le marathon de New-York. Au niveau de sa condition physique, c’est totalement possible en effet, mais là, il faut plutôt penser budget… car il ne serait pas capable de s’y rendre seul…
Bien entouré, Adrien est soutenu par toute sa famille ; ses sœurs lui ont même créé une page Facebook sur laquelle elles évoquent ses courses.